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「現在人們把惹內(Genet)捧上天,而把我拋出窗外。大概我命太長了。」(一九六○年九月十日)

「他們剛剛發現了惹內。我真害怕我這輩子是永遠不會被人〝發現〞的了。在我身上有某種令人過敏的東西。」(一九六○年九月十四日) 



尚‧考克多簡介

尚‧考克多
Jean Cocteau)1889年7月5日生,中學後與幾位子爵組織文學音樂團體。1909年發表《阿拉丁的神燈》以來,在文壇十分活躍。出版詩集《POEM》、《POESIE》。小說《可怕的孩子們》和《騙子湯姆》。評論有《雄雞和小丑》和《職業的秘密》,戲劇《人之聲》、《可怕的父母們》、《雙頭鷹》以及大量頌歌,被當時評論界譽為才子。 

二○年代,實驗電影運動盛行,他因與雷內克雷爾等電影界人士來往,對電影感興趣。三○年代,一位子爵提供一萬法郎,請他拍第一部實驗電影《詩人之血》影片的實驗態度和多姿多彩的詩意震驚歐洲,曾在紐約連續上演兩年。其後專心文學運動,並到處旅行。

1940年,受人慫恿恢復電影製作,寫劇本和臺詞,伺機再拍影片。以後,名作不斷,如《美女與野獸》(與雷內克萊曼合導的動畫片)獲得當年德呂克獎)以及根據他自己文學作品改編的影片:《雙頭鷹》、《可怕的父母們》、《可怕的孩子們》、《奧爾菲》。

1954年,
尚‧考克多當選為法蘭西文學院院士,擔任3年戛納國際電影節評審委員會名譽會長。1963年10月11日病逝。

現在戛納國際電影節的舉辦地電影宮中就有「
尚‧考克多大廳」以示對這位多才多藝的電影前輩的追念。



尚.考克多──一個討厭的詩人

「現在人們把惹內(Genet)捧上天,而把我拋出窗外。大概我命太長了。」(一九六○年九月十日)

「他們剛剛發現了惹內。我真害怕我這輩子是永遠不會被人‘發現’的了。在我身上有某種令人過敏的東西。」(一九六○年九月十四日)


我們在紀念已逝去的偉大人物時,總愛舉辦眾多的展覽,四處發掘他們的傳記以及沒完沒了地再版他們的著作。報紙和雜誌也不遑多讓,趕來湊熱鬧,可謂轟轟烈烈。二○○三年底,在考克多離開我們四十年之後,人們又把他捧上了雲霄,就好像二十年前一樣。紀念頻頻而來,如過眼雲煙。最怕的是考克多永遠不被人理解。妮科爾.卡薩諾瓦(Nicole Casanova)不是把她發表在《文學半月刊》(Quinzaine Littéraire)的一篇文章題為《不僅討厭,簡直可惡》(Pire qu’un maudit)嗎?她是借用了克洛德.阿爾諾(Claude Arnaud)一本考克多新傳記書名的前半截,傳記題作《不僅討厭,簡直可惡,鮮有人讀,不被理解的詩人》(Pire qu’un maudit, il est un peu-lu et un mal-perçu)。是的,但怎樣介紹這樣一位詩人呢?他生活在瘋狂年代及歌手約翰尼(Johnny)首次登臺時代,別忘了他還主持樂迷會,他無疑是我們時代另一個最神奇的無所不能的人。儘管有人說寫考克多,總離不開說他的壞話。由於他一生極富傳奇,宣揚他無非是貶抑他人。不過,還是讓我們試著來介紹他吧。


考克多於一八八九年誕生於一個靠年金度日的富裕家庭,家人都是藝術愛好者。在三個孩子之中他最年幼。自從父親自殺身亡後,他幾乎成了母親唯一的兒子。

母親是一個行為乖張的女人,但對神童幼子的奇思怪想卻毫不阻撓。考克多很早便涉足音樂藝術界,與演員、藝術家交往。未滿二十歲,便受庇於當時的著名演員德.馬克斯(De Max),成了詩歌晚會的主角。詩作被人頌揚,不亞於古典詩人。他說:「德.馬克斯慷慨解囊,專門為我的詩歌在費來納劇院舉辦晚會。他一聲召喚,當時最紅的女演員便紛紛應聲而來。洛朗.塔亞德(Laurent Tailhade)梳起他的滿頭銀髮,戴上單片眼鏡,朗讀開幕詞,演辭中徹底貶低當時的詩人。他讓我一枝獨秀。」

一九○九年他發表了第一部詩集《阿拉丁神燈》(La lampe d’Aladin),接著邂逅史特拉文斯基,並為迪阿基列夫(Diaghilev)的《玫瑰精靈》(Le spectre de la rose)芭蕾舞作海報和插圖。接著幾本詩集陸續問世。一九一四年至一九一六年間,他常去蒙巴納斯及蒙瑪特爾,結識了畢加索、布拉克、德蘭、莫迪裏亞尼,並和阿波利奈爾、馬克斯.雅各、桑德拉爾以及莫蘭、布勒東等人交往。

一九一七年,他偕同迪阿基列夫、史特拉文斯基、畢加索在羅馬及拿不勒斯盤桓,並饗世人以《Parade》。這齣芭蕾舞劇首演於同年五月十八日,由俄羅斯芭蕾舞團擔綱演出。「一言以蔽之,《Parade》給不少觀眾帶來了震撼。他們感到驚訝,當然也極享受,並為之著迷。他們學會欣賞新舞姿舞步的優美,這是他們始料不及的。」(阿波利奈爾在《Parade》節目冊上的評語)

《Parade》是與十九世紀決裂的象徵,它拋棄了古典芭蕾粉紅色的短裙,宣佈了現代芭蕾舞的誕生。這時,布勒東還是一個默默無聞的人物。考克多的另一壯舉是一九一九年出版問世的《波托馬克》(Potomak)。其實這本書早於一九一三年便已大功告成。書中他闡發了他獨特的見解,讚揚意識和無意識的結合。圍繞著一系列描繪一對名叫莫爾蒂梅爾(Mortimer)的文靜情侶所遭遇的危險經歷的漫畫,他寫了一些散文和詩歌。這對情侶遭神秘的食人族(歐仁一家)所吞噬。這些食人族的形象出現在書中的一頁,是考克多親手所繪。並由此創造了自動繪畫,早於超現實主義的「自動寫作」。這些畫證明他受表現立體主義的影響,但他似乎聽從畢加索的教誨,很快便將它拋棄。畢加索教導他首先必須和陳規決裂,惟此才能不斷更新,掌握變化無窮的表現形式。大概由於這個緣故,人們喜歡將他貼上魔術師的標籤。但在一九八三年的一次訪談中,卻遭尚.馬雷(Jean Marais)的駁斥,他說:「考克多是在變,但一切均具深度。說他是魔術師,這樣隨便地給他貼上這個標籤無非是不想研究他的著作。其實他的著作比表面所見到的更加結構嚴密。我覺得人們談論他時,從沒觸及哲學方面。對我而言,考克多首先是一位哲學家,而且是一位偉大的哲學家。」

繼《波托馬克》之後,一九二四年至一九三○年間,考克多製作了題為《精神病療養院》(Maison de santé)及《鴉片》(Opium)的系列畫,他將之稱作「慢慢煎熬下的痛苦呼叫」(Cris de souffrance au ralenti)。畫的標題已道盡其內容。一九二三年,傷寒奪走了雷蒙.拉迪蓋(Raymond Radiguet)的生命,他在這些畫中表現了他的慌亂不安。這是一系列荒誕離奇的人物,他們的形象是從煙鬥演變出來的圓柱體的組合。一九二七年,他為他的《白色的書》(Livre blanc)第二版創作了色情插圖 。後來紀德於一九二九年發覺其中「幾幅色情畫的表現手法頗為高雅。」一九八一年,安琪羅.利納爾第(Angelo Rinaldi)將之稱作〝戀母情結的犯罪大道〞。(這棵)「神奇的海洋植物萎縮著頹然倒在苔蘚上,但它一發現愛的對象,旋即舒展愁容,伸展手腳,昂然挺身,並朝遠處吐出愛液。」

這一時期,考克多還創作了帶神話色彩的詩歌,如一九二七年發表的詩集《歌劇》(Opéra)裡,聚集了天使、沉睡者、水手、有生命的雕像、星星等形象,以及一種基裏柯式的神奇夢幻式的希臘。關於基裏柯,他寫了一篇評論,起初他神秘地將論文題作《世俗的神秘》(Le mystère Laïc),後改成《間接批評論》(Essai de critique indirecte)。

在詩集《歌劇》裡,《睡眠的悲慘滑稽》(Cocasseries tragiques du sommeil)一詩可描繪出考克多這一時期著手創作的富於詩意的東西,其中不祥與滑稽、荒謬與夢幻交織一起。書中有一幀曼雷攝製的照片,從中可看到考克多創造的一個狀似煙鬥耙的頭,畫面呈三維空間。考克多探索隱秘的內心世界,這令其研究接近超現實主義者。但大部份超現實主義者們都忌恨他。「我現在可以老實告訴你,《磁場》一書實在令我失望,我覺得它太乏味了。」拉迪蓋這樣對布勒東說。當時拉迪蓋和考克多兩人形影不離,在全巴黎傳為佳話。他們向外界展示他們的愛,但這愛可能並不存在。考克多同時還大不敬地冒犯了布勒東,稱他是「員警韓波」。

考克多步履維艱,每踏出一步便遇上敵人。布勒東的追隨者不能容忍他這樣一個假想敵,對他無友誼可言,討厭他的書,不願見到他……布勒東的信徒們和考克多的手下在街上相遇時,每每大打出手。」(克洛德.阿爾諾)

一九五九年六月五日,在阿波利奈爾的紀念碑揭幕儀式上,考克多「和布勒東充滿敵意的眼睛相遇…… 布勒東是來擾亂儀式進行的……」

阿波利奈爾逝世後,考克多意欲接過現代主義的火炬,但卻是超現實主義者們為他加冕,捧為繼承人。

他的最後一本詩集《安魂曲》(Requiem)發表於一九六二年,最終改變了他以前作品的方向,但其精彩並未令舊著失色,反令其更加光艷奪目。《安魂曲》是一部深刻實在的詩集,它描繪了詩人乃至全人類的受難路程。透過在一條醜昌硬繃繃的鋼絲上搖擺前進的走鋼絲人的形象,描繪了詩人前赴後繼,浴血奮鬥的艱苦歷程。

考克多也寫小說,但他是一名「慳吝」的小說家,他讓讀者馳騁其想像。他的主要小說《波托馬克》、《一字開》(Le grand écart)、《偽君子托馬》(Thomas l’imposteur)、《頑皮的孩子》(Les enfants terribles)及《波托馬克的結局》(La fin du Potomak),幾個星期便可寫成,兩三個小時便可讀完。句子短小,書頁多空白,句法及用詞均隨便不考究,說它是經典有欺詐之嫌,加之小說中缺乏客觀事物、社會背景的描寫,更突顯了這點。考克多不為偶然性所惑。這裡,透過字詞的組合,令荒謬的表達及形象佔上峰。考克多徹底拼棄心理因素,讓詞語明顯地主導全書。在《一字開》這部小說裡,他寫道:「雅克將變成一個提前行動的人,這部份原因在於即將發生的事;但又部份由於提前行事的緣故,而需要處理即將發生的事情。」在看來首先是無拘無束的事情裡,敘述者保持一段距離並提醒大家他才是遊戲的主持人。

讀考克多的書,總是被其魅力所感染。這魅力有時是這般飄渺,當你掩卷沉思,對書中的人物及他們的遭遇往往茫無頭緒。我們被書中始終不變的節奏所牽動,從一種表達形式到另一種表達形式,從一個形象到另一個形象,直到它們漸漸變弱、消逝。但這便是考克多,他缺乏耐性,又或者說他生命中總有其他事情召喚他去做。


「詩人像一個無賴,應甚麼事情都做得出來。他們想做甚麼就做甚麼,百無禁忌。對於從長期思考磨鍊中誕生的精神和道德力量,沒甚麼不可奮力而為的;對於一個長途跋涉的旅人,任何客棧都應為他敞開。」

本來還應該介紹一下考克多在戲劇及電影方面的成就,不過,還是讓我們引用他被接納為法蘭西學院院士時講演的一段演辭吧:

「你們讓誰在這裡和你們並肩而坐?一個無背景,無證件,無棲身之所的人。也就是說你們為一個無國籍者提供了身份證,為一個流浪漢提供了居所,為一個鬼魅提供了身影,為一個無知的人提供了辭典,為一個疲憊的人提供了椅子,為一個兩手空空的人提供了寶劍。」



 〈原文〉
Jean Cocteau, un maudit ?



C’est maintenant Genet qu’on porte aux nues et moi qu’on défenestre. Ma vie a peut-être été trop longue. » (10 septembre 1960)
« Ils viennent de “découvrir” Genet. J’ai bien peur de n’être jamais “découvert”. Il y a en moi quelque chose à quoi ils sont allergiques. » (14 septembre 1960)

Nous avons cette habitude de fêter nos grands morts avec force expositions et biographies fouillées ainsi qu’innombrables rééditions de leurs œuvres. Les journaux et les magazines s’en mêlent et cela fait l’événement. En cette fin d’année 2003, on portait aux nues, à l’occasion de ses 40 ans d’absence, Cocteau, comme on le fit déjà il y a vingt ans. Les anniversaires se succèdent comme feux de paille et il est toujours à craindre que Cocteau ne soit éternellement à « découvrir ». Nicole Casanova ne titrait-elle d’ailleurs pas son article dans la Quinzaine littéraire
« Pire qu’un maudit », reprenant par-là les mots de Claude Arnaud, auteur d’une nouvelle biographie : « Pire qu’un maudit, il est un peu-lu et un mal-perçu. » Oui, mais comment parler de celui dont, la vie s’étira entre les Années folles et les débuts de Johnny dont ne l’oublions pas, il présida, admirablement, le fan-club et qui fut certainement l’un de nos plus formidables touche-à-tout ? Essayons, même si certains disent qu’écrire sur Cocteau, c’est toujours en dire du mal, environné qu’il fut de légendes et répandant les siennes afin de réfuter celles d’autrui...
Il naît en 1889, dans une famille de rentiers où l’on pratiquait l’art en dilettante, dernier de trois enfants qui, après le suicide de son père, deviendra en quelque sorte le seul fils de sa mère.
 

Celle-ci, femme extravagante, ne dérangera en rien les fantaisies d’un prodige introduit très tôt dans le monde du music-hall, du théâtre et des artistes. Protégé de l’acteur De Max, célébrité de son temps, il sera l’objet de soirées poétiques, alors qu’il n’a pas vingt ans, où l’on magnifie ses œuvres comme autant de classiques « De Max organisa, paya de sa poche, une séance au théâtre Femina, consacrée à mes vers. Les comédiennes les plus célèbres vinrent à son appel. Laurent Tailhade peigna sa houppe grise, (...) vissa son œil de verre, son monocle et lut une conférence préambule, véritable massacre des poètes de l’époque. Il me laissait seul debout. »

En 1909, il publiera un premier recueil de poèmes : La Lampe d’Aladin puis rencontrera Stravinsky, exécutera des affiches et des dessins pour le Spectre de la rose de Diaghilev, et suivront d’autres recueils poétiques. En 1914-1916, il fréquente Montparnasse et Montmartre (Picasso, Braque, Derain, Modigliani) et rencontre Apollinaire, Max Jacob, Cendrars puis Morand et Breton.

En 1917, il séjournera à Rome et Naples avec Diaghilev, Stravinsky et Picasso pour nous donner le ballet Parade dont la première aura lieu le 18 mai par les Ballets russes.

« En somme, Parade renversera les idées de pas mal de spectateurs. Ils seront surpris certes, mais de la plus agréable façon et charmés, ils apprendront à connaître toute la grâce des mouvements dont ils ne s’étaient jamais doutés. » (Apollinaire dans le « Programme » de Parade)

Parade allait être le symbole de la rupture définitive avec le XIXe siècle car il tournait le dos au style tutu rose pour annoncer résolument la modernité, à une époque où André Breton n’était encore personne. Autre coup d’éclat de Cocteau, la sortie en 1919 de Potomak, achevé déjà en 1913, où se libère son originalité véritable qui célèbre les noces du conscient et de l’inconscient. Autour d’une suite de dessins (sorte de B.D.) narrant les aventures d’un couple paisible du nom des Mortimer, dévorés par une troupe de mystérieux cannibales (les Eugène), s’organisent des proses et des poèmes. Ces anthropophages apparurent d’eux-mêmes sur une page où vagabondait la main de Cocteau qui inventait par là le dessin automatique bien avant « l’écriture automatique » surréaliste. Ces dessins témoignaient l’influence d’un cubisme expressionniste que Cocteau abandonnera assez vite, suivant semble-t-il les leçons de Picasso. Ce dernier lui enseignera avant tout la nécessité de rompre avec les habitudes pour pouvoir se renouveler continuellement et approcher les formes d’expression les plus variées. D’où peut-être cette étiquette d’illusionniste qui lui a été collée mais que nie Jean Marais lors d’une interview donnée en 1983 : « Cocteau changeait, mais tout était profond en lui. Dire qu’il était un illusionniste, c’est lui coller une étiquette facile pour s’éviter d’étudier son œuvre. Elle est beaucoup plus cohérente qu’il n’y paraît. Je ne crois pas qu’on ait jamais parlé de philosophie à son propos, mais pour moi, Cocteau était d’abord un philosophe, et un grand. »

Après Potomak, entre 1924 et 1930, Cocteau réalisera les dessins de Maison de santé (1925) et ceux d’Opium (1928-1929) qu’il qualifiera de « cris de souffrance au ralenti ». Les titres parlent d’eux-mêmes et Cocteau y exprimait son désarroi après qu’en 1923, la fièvre typhoïde lui eut enlevé Raymond Radiguet. Une série de personnages fantastiques prennent forme d’une combinaison de cônes dérivés de la pipe du fumeur. En 1927, Cocteau produira des dessins érotiques pour la seconde édition de son Livre blanc où Gide remarquera en 1929 quelques « obscénités racontées d’une manière charmante » et qu’Angelo Rinaldi qualifiera en 1981 de « boulevard du crime œdipien ».
(Cette) « fabuleuse plante marine, morte, fripée échouée sur la mousse, qui se déride, se développe, se dresse, et jette au loin sa sève dès qu’elle retrouve l’élément d’amour. »

Se met donc en place à cette époque la mythologie de Cocteau dont le recueil Opéra (1927) rassemble les signes : anges, dormeurs, marins, statues vivantes, étoiles et une sorte de Grèce magique et onirique à la manière de Chirico auquel il consacrera un essai intitulé mystérieusement d’abord Le Mystère laïc puis ensuite Essai de critique indirecte.
Dans Opéra, le poème « Cocasseries tragiques du sommeil » pourrait dépeindre les objets que Cocteau se met à construire vers cette époque, poétiques dans lesquels le funeste et le drôle côtoient l’irrationnel et le rêve. Il y a la photo de Man Ray où l’on voit Cocteau construire une tête en débourre-pipe qui projette son graphisme dans les trois dimensions. Les recherches de Cocteau sont donc proches de celles des surréalistes par son exploration de la nuit intérieure, mais la plupart de ceux-ci lui vouèrent une véritable haine. « Je peux bien vous l’avouer maintenant, Les Champs magnétiques, m’ont déçu, parce que très ennuyeux, à mon avis. » Radiguet à Breton, alors qu’à cette époque le couple Radiguet-Cocteau devenait célèbre dans le Tout-Paris, affichant leur amour qui n’exista probablement pas. Cocteau avait aussi commis le sacrilège d’appeler Breton « Rimbaud Gendarme ».
« Cocteau ne pouvait plus faire un pas sans tomber sur ses ennemis : les hommes de Breton ne partageaient pas seulement avec lui un imaginaire rival, mais des amitiés, des livres et des lieux (...) Les disciples de Breton et les siens en venaient aux mains quand ils se croisaient dans la rue. » (Claude Arnaud)

Le 5 juin 1959, lors de l’inauguration du monument à Apollinaire, Cocteau « avait croisé le regard haineux de Breton qui (...) était venu perturber la cérémonie (...) ».

A la mort d’Apollinaire, n’oublions pas que Cocteau voulut reprendre le flambeau de la modernité mais que ce sont les surréalistes qui le coiffèrent...
Le dernier recueil poétique, Requiem, publié en 1962, orientera de manière définitive l’œuvre qui précède mais ses joyaux n’éclipseront pas ceux des autres œuvres, ne faisant qu’en aviver les scintillations. C’est une œuvre profondément existentielle, une sorte de chemin de croix du poète tout autant que de l’humanité entière, où sous le masque du funambule mondain sur sa corde raide, se succèdent de sang versé en sang versé les stations du poète.

Cocteau se fera aussi romancier, mais romancier pressé à l’extrême économie laissant libre cours à l’imagination du lecteur. Ses principaux récits que sont le Potomak, le Grand écart, Thomas l’imposteur, Les Enfants terribles et La fin du Potomak, écrits en quelques semaines, se lisent en deux ou trois heures. Les phrases sont courtes, les pages aérées, la syntaxe sans recherche comme le vocabulaire ce qui donne au récit un air trompeur de classicisme que vient aggraver, pourrais-je dire, l’absence de tout environnement matériel et social. Cocteau ne s’embarrasse aucunement des contingences. La maxime est ici souvent l’expression de l’irrationnel et les images priment par l’association des mots. Cocteau tourne définitivement le dos à la psychologie et les mots seuls doivent s’imposer avec assez d’évidence. Dans le Grand écart : « Jacques deviendra l’homme qui précède à cause, en partie, de ce qui va suivre ; et il lui arrivera ce qui va suivre, en partie à cause de ce qui précède. » Distance du narrateur et rappel de son rôle de meneur de jeu dans ce qui pourrait paraître de prime abord comme désinvolture.

A lire Cocteau, on est en permanence sous son charme qui parfois est volatil car le livre fermé on en vient à se demander quels étaient les personnages et les péripéties de leur histoire. Nous étions entraînés par un rythme sans défaillance qui rebondit de formule en formule et d’image en image qui s’épuisent en elles-mêmes et se volatilisent au fur et à mesure. Mais c’est Cocteau, et son manque de patience ou plutôt la vie qui l’appelle constamment ailleurs.
   « Le poète, comme le mauvais sujet, doit être capable de tout, il n’est aucune activité interdite
    à ceux qui le veulent, aucun effort impossible pour l’athlétisme intellectuel et moral qui résulte
    d’une longue gymnastique de la pensée, aucune auberge indigne du marcheur. »

Il aurait aussi fallu parler de son théâtre et de son cinéma mais terminons par quelques mots qu’il prononça à son Discours de réception à l’Académie française, et attendons...
   « Qui donc avez-vous laissé s’asseoir à votre table ? Un homme sans cadre, sans papiers,
    sans halte. C’est-à-dire qu’à un apatride vous procurez des papiers d’identité, à un vagabond
    une halte, à un fantôme un contour, à un inculte le paravent du dictionnaire, un fauteuil à une
    fatigue, à une main que tout désarme, une épée. » 

 Lorsque mes successeurs verront mon aventure,   
    Les ressorts, les cahots de ma belle voiture, 
 Ils s’émerveilleront d’un si noble parcours.
 Mais ceux qui, maintenant, regardent mon passage,
 Me trouvent maladroit, chacun se jugeant sage,
 Et veulent imposer leur route à mes amours.
 Quoi, vous avez écrit LE CAP, VOCABULAIRE ?
 Vous écrivez ceci ! Vous ne pouvez me plaire.
 L’homme aime l’uniforme et qu’on n’en change point.
 mais après notre mort se livre notre course,
 La voiture s’étoile ainsi qu’une Grande Ourse,
 Et nos fruits aigrelets se révèlent à point.
          Jean Cocteau de Plain-Chant
 


文章引用:PAROLES

 酒館留聲機:Donna Con Te / Mia Martini 

 

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